Le square du Temple (Paris 3e), © Le Marais Mood

Ce dimanche 23 mars, les Parisiens votent sur une question qui pourrait changer le visage de la capitale : faut-il végétaliser et piétonniser 500 nouvelles rues ? C’est la troisième fois que les Parisiens sont appelés aux urnes pour décider de l’avenir de leur ville, après avoir déjà débattu des trottinettes et des SUV. Cette fois, c’est l’essence même de l’espace urbain qui est en jeu.

Si la mairie de Paris mise sur cette votation pour accélérer la transformation écologique de la ville, chaque arrondissement ajoute une autre question, concernant son territoire. Pour Paris-Centre la question supplémentaire est : « Pour ou contre davantage de commerces de proximité, de logements et de végétalisation sur l’île de la Cité ? » A noter que l’île où se trouve Notre-Dame possède une forte proportion de résidences secondaires.

L’objectif affiché ? Rendre Paris plus vert, plus calme, et plus respirable. Mais derrière cette idée séduisante, des questions se posent. Quelles seront les rues concernées ? Comment la circulation et l’activité économique seront-elles impactées ? Les opposants dénoncent un manque de transparence, avec aucune liste précise des rues ciblées et pas d’étude d’impact sérieuse.

Caserne des Minimes (Paris 3e), © Le Marais Mood
Quant à la question d’ajouter des commerces sur l’île de la Cité, elle apparaît aux yeux de certains comme un cheval de Troie qui permettrait, selon une rumeur persistante, d’installer un centre commercial de grand luxe juste à côté d’un des monuments les plus visités au monde, Notre-Dame et ses treize millions de touristes par an.

La maire de Paris, socialiste, et les défenseurs du projet rêvent d’une île plus verte, plus vivante, avec des commerces qui feraient revivre ses ruelles. De l’autre, les puristes crient au sacrilège, brandissant l’étendard du patrimoine et de l’authenticité. D’autant que l’Ile Saint-Louis et la rive gauche, toutes proches, offrent de nombreuses propositions de commerces de proximité.

Dans un ouvrage récent l’architecte Marc Perelman ne dit pas autre chose sur les mutations de la métropole parisienne. Il affirme : « L’île de la Cité est en passe de se transformer en un « incubateur touristique olympisé » avec une Notre-Dame restaurée grâce aux J.O. ».

Selon un sondage, 71 % des Parisiens seraient favorables à un tel projet, motivés par l’amélioration de la qualité de l’air et la réduction du bruit. La mairie argumente dans la presse : « C’est un vote qui ne se limite pas à l’écologie ; c’est aussi une question de style de vie. »

Jardin des Arts – Albert Schweitzer (Paris 4e), © Le Marais Mood
Dans l’opposition, on est circonspect. Candidat tête de liste aux élections municipales de 2020 à Paris Centre sous l’étiquette Changer Paris (Rachida Dati), Aurélien Veron « défend les consultations, les jardins et les rues pour circuler ». Mais il souligne : « Le vote de dimanche 23 mars ne sera pas une consultation, ne portera pas sur des jardins mais bien sûr la fermeture de 500 rues à la circulation et de 10 000 places au stationnement ». Tel est selon lui le véritable enjeu. « Or, ajoute-t-il, une vraie consultation nécessite des informations précises (liste des rues, aménagements précis, étude d’impact), un délai pour débattre et de la transparence. Même les Conseils de Quartier ont critiqué la démagogie de ce plan de com… à 250 millions d’euros. » Et le conseiller de Paris de conclure : « Une fois de plus, la mairie prend les Parisiens pour… des buses. ».

De son côté, le maire de Paris-Centre Ariel Weil souhaite « en finir avec une cité administrative triste et déserte. Avec moins de voitures, plus de vrais habitants et des familles » (Le Parisien).

La votation comporte une première : les jeunes de 16 à 18 ans pourront y participer, marquant une nouvelle étape dans l’engagement citoyen, à condition de s’être inscrit avant le 26 février 2025. Certains y voient un coup de jeune, pour la démocratie locale quand d’autres soupçonnent une manœuvre politique : cette population ne conduit pas.

Si le « pour » l’emporte, un travail d’identification des rues, associant les Parisiennes et Parisiens, sera lancé à l’échelle des arrondissements à partir du mois d’avril, avant de réaliser les études de faisabilité. On estime à trois ans le temps nécessaire à la mise en œuvre de l’ensemble des travaux dont la programmation sera définie en 2025. Depuis 2020, plus de 10 000 places de stationnement en plein air ont été supprimées, et 197 rues ont été végétalisées.

La votation est aussi un test politique pour Anne Hidalgo. À un an des municipales de 2026, la maire de Paris joue gros. Si le « oui » l’emporte, elle pourra se targuer d’avoir le soutien populaire pour accélérer sa transformation écologique de la ville.

Où voter ?
  • QJ – Quartier Jeunes : 4 place du Louvre – 75 001
  • Espace Parisien des Solidarités : 8 rue de la Banque – 75 002
  • Mairie de Paris Centre : 2 rue Eugène Spuller – 75 003
  • Académie du Climat : 2 place Baudoyer – 75 004

Texte : Katia Barillot

22.03.25

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