Victor Hugo (1802-1885), Bonnat Léon, © RMN – Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

A quoi reconnaît-on une personnalité « HPI » ? D’abord à ce que ces individus à « haut potentiel intellectuel » possèdent une grande capacité de raisonnement et de résolution des problèmes. Ce sont des personnes hyperéclectiques avec un cheminement de pensée en arborescence qui les conduit à s’intéresser à tout sans qu’ils ne soient jamais rassasiés. Leur curiosité est immense ; leur mémoire, exceptionnelle ; leur sensibilité, hors norme.

Si le mot avait existé de son vivant, Victor Hugo (dont on fête l’anniversaire le 26 février) aurait, à coup sûr, été diagnostiqué « HPI ». Poète, dramaturge, écrivain, romancier, dessinateur romantique, décorateur d’intérieur, il était aussi un intellectuel engagé et une personnalité politique, élu député et sénateur, soutient de Louis-Philippe et ennemi juré de Napoléon III. En bon français, on appelle cela avoir une personnalité débordante.

Portrait de Victor Hugo par Nadar (vers 1884)

Sa méthode d’écriture compulsive (il griffonne des idées sur tous les supports disponibles), son œuvre prolifique et sa créativité débordante témoignent d’une sensibilité à toutes épreuves, avec une envie aigu de réparer les injustices sociales.

Notre-Dame de Paris (1831), dépeint la vie à Paris au XVe siècle à travers l’histoire tragique de Quasimodo et Esmeralda. Le Roi s’amuse (1832) aborde la question des injustices sociales (la pièce sera interdite). Ruy Blas (1838) met en scène un héros du peuple confronté aux puissants. Les Misérables (1862) explore les thèmes de la rédemption et des inégalités.

Les manuscrits exposés à la Maison Victor Hugo de la place des Vosges, dans le Marais, attestent de la frénésie d’écriture du monstre sacré.

Mais Victor Hugo (1802-1885) est aussi une personnalité politique. Royaliste convaincu, il soutient la monarchie de Juillet (1830-1848) de Louis-Philippe qui le nomme « pair de France ». L’écrivain défend la liberté de la presse et les droits sociaux. Après la révolution de 1848, il est élu représentant du peuple à l’Assemblée constituante. Il prononce un discours célèbre sur la misère, appelle à lutter contre le paupérisme, plaide pour des réformes sociales, réclame l’instruction gratuite, laïque et obligatoire. Il s’engage aussi pour l’abolition de la peine de mort et publie Le Dernier Jour d’un condamné.

Manuscrit des Misérables de Victor Hugo

Après le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte en 1851, Hugo s’oppose au régime impérial. Exilé pendant près de vingt ans, il utilise sa plume pour dénoncer les abus du pouvoir et défendre les libertés fondamentales. Son exil à Bruxelles, puis sur l’Ile de Jersey et enfin de Guernesey prend fin avec la chute du Second Empire en 1870.

De retour en France il est élu sénateur radical, en 1876. Jusqu’à sa mort, il défendra inlassablement des causes progressistes. Après la Commune de Paris (1871), il s’oppose par exemple à la répression contre les communards et leur déportation au bagne de Nouvelle-Calédonie.

Moins connue est l’œuvre visuelle d’Hugo, qui explore l’art pictural avec, une créativité impétueuse. Il dessine près de 4 000 œuvres, principalement réalisées entre 1848 et 1851. Il expérimente ainsi diverses techniques, mêlant encre, charbon et même café afin d’enrichir ses créations.

Ses dessins révèlent une capacité à saisir des émotions profondes. Parallèlement, pendant son long exil, il dirige des séances photo avec son fils Charles. Lui-même ne pratique pas la photographie, mais il met en scène des portraits qui façonnent son image publique.

« Château fort sur une colline ». Dessin par Victor Hugo, vers 1847. Encre de chine et lavis sur papier signé et datàm en bas à droite.

Enfin, Hugo entretient aussi des relations étroites avec des peintres : il leur commande des œuvres pour les intégrer dans son univers littéraire. Les aquarelles et lithographies de Louis Boulanger, qu’il admire, illustrent Notre-Dame de Paris. Gustave Brion, lui, illustre nombre d’œuvres d’Hugo, notamment la première édition illustrée des Misérables, publiée en 1862.

Même l’architecture d’intérieur intéresse le poète-écrivain-dramaturge. A Guernesey – décidément un véritable laboratoire créatif – il décore la maison de l’amour de sa vie Juliette Drouet, située non loin de la sienne, où il vit avec femme et enfants. Ce décor « à la chinoise » est à la Maison Victor Hugo du Marais où l’on mesure à quel point le « génie des Lettres » était, comme disent les Anglais, « larger than life », c’est-à-dire « plus grand que la vie ». De nos jours, et avec le recul, on peut affirmer que, oui, Victor était « HPI ».

Le « salon chinois », musée Victor Hugo

Texte : Katia Barillot

25.02.25

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