Tête de liste de Paris en Commun (Anne Hidalgo) pour Paris centre, Ariel Weil, quarante-cinq ans, est un économiste, spécialiste des crises financières et de la dette. Conseiller d’arrondissement depuis 2014, puis maire du IVe arrondissement depuis 2017, il est né dans le Marais, où il vit et élève ses enfants. Nous l’avons rencontré au café de la Perle.
De quelles réalisations êtes-vous le plus fier pour la mandature précédente ?
Dès ma prise de fonction en décembre 2017, je me suis penché sur les enjeux liés à l’espace public. Ce fut l’une des priorités de mon mandat. Le réaménagement récent de la Place du Bourg-Tibourg illustre cette volonté de restituer au public l’espace indûment privatisé. Depuis plus de dix ans en effet, cette place charmante était occupée par des contre-terrasses fermées, sur plancher, installées sans aucun droit.
Après avoir mené plusieurs campagnes de verbalisation, nous avons réuni les commerçants, les services de l’urbanisme et l’architecte des bâtiments de France afin d’aboutir au retrait de ces structures au profit d’un nouvel aménagement consensuel, réglementaire et harmonieux.
Nous avons effectué une démarche identique place du Marché Sainte-Catherine, avec un arrêté contraignant les restaurateurs à se conformer à des règles moins envahissantes pour l’espace public. Cela vient d’être signé.
Ce dispositif permettra d’exploiter les terrasses sans obstruer la perspective vers les façades de cet ensemble patrimonial unique, conformément aux instructions des architectes des Bâtiments de France.
Autre réalisation : le Parvis des deux-cent-soixante enfants. Initialement, l’entrée et la sortie de l’école des Hospitalières-Saint-Gervais se faisaient au numéro dix de la rue du même nom. Afin de protéger les enfants de l’école de la circulation, une place a été aménagée et nommée le Parvis des deux-cent-soixante enfants en mémoire des deux-cent-soixante garçons et filles juifs scolarisés dans cet établissement public déportés pendant la guerre. Aucun de ces innocents n’est revenu des camps de concentration. Plusieurs autres établissements scolaires bénéficient maintenant d’abords piétonnisés.
Quoi d’autre ?
La « Rue aux Enfants », qui est née du budget participatif et émane donc des habitants. À leur demande nous avons dédié un après-midi par semaine, le vendredi, une rue de l’arrondissement aux enfants pour qu’ils jouent en sécurité, sous la surveillance de leurs parents, baby sitters etc. Cette idée a donné la « Rue’Golotte », rue des Coutures-Saint-Gervais, dans le IIIe arrondissement. Dans le IVe, cela a lieu un dimanche matin par mois, du printemps à l’automne, sur le parvis des deux-cent-soixante enfants.
Autre exemple : à proximité immédiate de la Cité internationale des arts qui accueille en résidence des artistes du monde entier, le Jardin des Arts-Albert Schweitzer, d’une surface de 5000 m², est le nouveau poumon vert de l’arrondissement. Il réunit trois parcelles jusqu’ici distinctes.
Cet espace réaménagé, agrandi et reconquis est dédié au repos avec des pelouses accessibles mais aussi à la promenade avec ses larges voies de circulation bordées d’arbres. Il offre un espace de jeux pour les enfants et, dans quelques mois, un théâtre pour les petits.
Quelles sont vos propositions pour le Marais et Paris Centre ?
D’abord, étendre à toutes les écoles une restauration 100 % bio et cuisinée sur place grâce à de nouveaux circuits d’approvisionnement et à la construction de nouvelles cuisines. Avec une option végétarienne tous les midis.
Ensuite, organiser une consultation auprès des habitants sur la régulation des meublés touristiques de type « Airbnb » pour définir le nombre de nuitées autorisées.
Je veux aussi revoir le plan de circulation et piétonniser des rues au sein d’îlots apaisés et réaménagés. Autre chose : j’entends réaliser deux grandes promenades végétalisées, l’une reliant les espaces verts des Tuileries au pont Morland en passant par les quais hauts, l’autre le long des axes Quatre Septembre et Réaumur.
Enfin au lendemain des élections municipales, les bâtiments des trois mairies « libérées » (Ier, IIe et IVe arrondissements) accueilleront de nouveaux services publics. Par exemple, nous allons créer une maison de l’engagement et du climat à la mairie du IVe arrondissement avec les Volontaires de Paris, l’Académie du climat, la Maison du vélo et un grand pôle associatif et culturel.
La piétonnisation n’est-elle pas une fausse bonne idée ?
Paris Centre ne doit pas être un raccourci pour les voitures. Or, l’hyper-centre est irrespirable, stressant et inadapté à ce que pratique une immense majorité de parisiens : la marche à pied. Revoyons donc le plan de circulation, réduisons la circulation de transit et repensons nos espaces publics au profit des piétons, des usages collectifs et de l’attractivité des commerces.
Il faut réserver la circulation automobile de Paris Centre aux riverains, transports en commun, livraisons de commerces, artisans, taxis et services de secours et limiter la vitesse de circulation à 20 km/h. Et aussi : mettre en place une navette électrique accessible pour faciliter les déplacements locaux, y compris dans l’Île de la Cité, l’Île Saint-Louis et vers les anciennes mairies.
Texte : Katia Barillot
Photos : ©Anaïs Costet
11.03.20