T-shirt #saccageparis (à g.), travaux de réorganisation des rues (à dr.)

Né en avril 2021 sur les réseaux sociaux, le mouvement #saccageparis a pris comme le feu dans la brousse. Derrière l’intitulé de ce hashtag un tantinet outrancier se cache, à Paris, une communauté de Twittos qui affirme être apolitique et entend « mettre en lumière les dysfonctionnements et la mauvaise gestion de la ville de Paris ». Il s’agit aussi de « proposer des actions concrètes ».

Dans le Marais, c’est Patrick Aboukrat – créateur d’Entrée des fournisseurs en 1993 et Abou d’Abi Bazar trois ans plus tard – qui en est le porte-parole avec, derrière lui, « plus de 100 commerçants et autant de ralliements spontanés », dit-il. À la tête d’un « comité Marais Paris », il dresse la liste de ses griefs.

Premier reproche : la fermeture de la rue de Rivoli. « La transformation de cet axe est-ouest en piste cyclable a fait baisser la valeur des fonds de commerce car la rue a cessé d’être passante, hormis pour les cyclistes. »

Deuxième problème : la piétonnisation. « C’est l’exemple même de la fausse bonne idée. Ça a l’air sympa sur le papier, mais en réalité cela tire le quartier vers le bas en attirant un public moins chic », dit Aboukrat qui cite l’exemple du quartier des Halles. « Les zones piétonnes changent la clientèle, le ticket moyen est plus faible et les goûts sont différents », ajoute-t-il.

Au reste, la piétonnisation ne réduit pas les nuisances sonores, comme le montrent les exemples du quartier Montorgueil (2e), où le vacarme est permanent, ou celui, de la rue de la Huchette (5e) dans le Quartier latin. « La fermeture à la circulation d’une portion de la rue du Temple, où une bouche de métro est apparue voilà quelque temps, est un exemple supplémentaire : la rue a déjà changé… en moins bien. »

Voilà quelques années, ces mêmes raisons avaient conduit les habitants de l’Ile-Saint-Louis (4e) à se mobiliser lorsque la maire PS de l’arrondissement Dominique Bertinotti (2001-2012) avait lancé l’idée d’une piétonnisation de la rue Saint-Louis-en-l’Isle. Les îliens avaient obtenu gain de cause et la rue ne fut pas piétonnisée.

Troisième grief : la « politique anti-bagnole » à outrance de l’équipe d’Anne Hidalgo « décourage la clientèle de Paris Ouest qui vient moins dans le Marais », ajoute Aboukrat. « Cela dissuade aussi les taxis et les VTC. Les commerçants le ressentent et s’en plaignent », dit-il. « La place de la Bastille a créé un enfer. Il est impossible d’entrer et de sortir du Marais à cause de ce nouveau nœud de circulation qui empêche l’accès. Il m’arrive même d’attendre le soir, tard, pour livrer ou récupérer moi-même de la marchandise que je ne peux transporter sous le bras ! »

Pour finir, le patron d’Abou d’Abi Bazar et les commerçants qu’il représente s’estiment mal pris en considération par la municipalité de Paris et de Paris Centre. « Nous ne sommes pas écoutés et avons le sentiment que les élus ne nous comprennent pas », conclut Patrick Aboukrat, qui a fait imprimer des tee-shirts #saccageparis en parodiant le logo de la marque Supreme.

Texte : Katia Barillot

17.02.22

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