De la série « Red », 1968-75, Tirage chromogène, 30,5 x 45,5 cm, © Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn. Tate: Acquis avec l’aide du Art Fund (avec la contribution de la Wolfson Foundation) et Konstantin Grigorishin 2011

Kharkiv, Sloviansk, le Donbass… Réalisées depuis plus de cinquante ans en Ukraine, les photographies de Boris Mikhaïlov (né en 1937) résonnent avec l’actualité. C’est justement dans les villes et régions où Vladimir Poutine sème aujourd’hui la mort que le photographe a promené ses objectifs depuis cinquante ans. Les images de cette chronique ukrainiennes n’en sont que plus poignantes.

À la croisée du documentaire, de la photographie de rue, de l’art conceptuel et de la performance artistique, Mikhaïlov s’est essayé à tous les genres pour, finalement, composer une œuvre foisonnante, riche et radicale, où la laideur rencontre la beauté et où la poésie se mêle au sinistre, rappelant ainsi l’œuvre de Maxime Gorki qui, dans Les Bas-fonds (1902), dénonce l’extrême pauvreté de la classe populaire russe.

De la série « At Dusk », 1993, Tirage chromogène, 66 x 132,9 cm, © Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn. Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève, Paris

En immortalisant la banalité et l’ennui de la vie quotidienne en URSS – y compris en introduisant le concept de « mauvaise » photographie où il immortalise le vide – Mikhaïlov nous restitue la réalité du monde totalitaire où rien ne se passe. Parfois, celui qui compte parmi les photographes les plus influents de sa génération colorise ses images, y couche par écrit ses pensées. Et il lui arrive de se mettre en scène, tout nu, comme avec une série grotesque inspirée du mime Marceau.

Après la chute de l’URSS en 1991, le photographe parcourt les rues, muni de son appareil Horizon, un panoramique rotatif de fabrication russe doté d’une optique capable de balayer le champ visuel de 120 degrés. Il photographie la tragédie d’un monde qui s’écroule, peuplé de SDF.

De la série « Yesterday’s Sandwich », 1966-68. © Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn. Courtesy, Galerie Suzanne Tarasiève, Paris.

« Tout est tombé, s’est effondré, est mort : à la fois l’environnement, les êtres humains. L’espace était détruit, les gens tombaient par terre. J’ai essayé d’exprimer cela photographiquement, dans des images panoramiques, vieillies, au ton sépia », dit le photographe.

Sur deux étages entiers, l’exposition « Journal ukrainien » nous saisit aux tripes à mesure que l’on avance chronologiquement vers la chute du soviétisme. L’exposition se termine avec la révolution de la place Maïdan à Kiev, que l’artiste photographe a immortalisée en 2013-2014, et va même au-delà, jusqu’à la veille de la guerre.

Au premier étage de la Maison européenne de la photographie (MEP) l’exposition The Timeless Story of Moormerland, par les photographes Elsa & Johanna qui se mettent en scène en Allemagne (en 2021) dans un décor hors du temps, est également remarquable.

De la série « Black Archive », 1968-1979, Photographie noir et blanc, 24 x 18 cm, © Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn. Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève, Paris

Maison Européenne de la Photographie
5/7 Rue de Fourcy, 75004 Paris
Le mercredi et le vendredi de 11h à 20h
Le jeudi de 11h à 22h
Le samedi et le dimanche de 10h à 20h
Tél : 01 44 78 75 00

Boris Mikaïlov
Journal ukrainien
Jusqu’au 15 janvier 2023

Elsa & Johann
The Timeless Story of Moormerland
Jusqu’au 6 novembre 2022

Texte : Axel G. – Instagram

23.09.22

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