Commerce de la rue Volta dans le quartier chinois du Marais, ©Le Marais Mood

Aussi petit soit-il – il se résume, où presque, à la rue au Maire, la rue du Temple, la rue des Gravilliers et la rue Volta – le Chinatown du Marais est le seul véritable Chinatown historique de Paris. Contrairement à une idée reçue, il a vu le jour longtemps avant celui du 13e arrondissement même si celui-ci abrite aujourd’hui une communauté chinoise beaucoup plus importante numériquement.

L’origine de l’implantation asiatique dans le 3e arrondissement remonte en effet à la Première guerre mondiale lorsque, en 1916, le gouvernement britannique entreprend de recruter 140 000 ouvriers chinois dans la région de Wenzhou (sud du pays) pour les envoyer en renfort dans la Somme où les Français se battent contre les Allemands.

Portrait de chinois après leur arrivée en France pendant la 1ere Guerre Mondiale

L’écrasante majorité d’entre eux est affectée à de lourdes tâches logistiques à l’arrière du front : travaux de terrassement, réfection des routes et chemins de fer, manutention dans les ports. Cependant, 10 000 à 20 000 Chinois y laissent la vie entre 1916 et 1920 en raison de maladies comme le choléra, la grippe espagnole ou la tuberculose. Quelques-uns périssent sous des bombes. Une partie d’entre eux repose au cimetière militaire de Noyelles-sur-Mer (Somme) caractérisé par son portail d’entrée de style asiatique et par des inscriptions en chinois sur les 842 tombes.

Portrait de chinois après leur arrivée en France pendant la 1ere Guerre Mondiale

La guerre terminée, les travailleurs de l’Empire du Milieu sont utilisés pour déminer les champs, reboucher les tranchées, reconstruire l’immobilier. Puis ils sont amenés vers 1920 à la Gare de Lyon, à Paris, pour embarquer à Marseille afin d’être renvoyés en Chine. Mais beaucoup refusent de rentrer, s’enfuient et s’installent tout près de la Gare de Lyon (12e arrondissement) dans « l’îlot Chalon », un quartier insalubre.

Ainsi, 2 000 à 3 000 y prennent racine. La plupart deviennent ouvriers chez Renault et Panhard dans les usines de Boulogne-Billancourt, formant le premier noyau de la communauté asiatique parisienne. Très vite, cependant, ces néoParisiens déménagent vers le métro Arts-et-Métiers où ils travaillent aussi dans des ateliers de maroquinerie et de confections.

Rue au Maire dans le 3e arrondissement de Paris, ©Le Marais Mood

Le Chinatown du 13e arrondissement procède d’une histoire complètement différente. Il est le résultat d’une immigration massive dans les années 1970 avec les réfugiés d’ex-Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos) qui fuient les guerres et les régimes communistes pour s’installer en France entre 1975 et 1987.

Rue Volta dans le 3e arrondissement de Paris, ©Le Marais Mood

Beaucoup d’entre eux sont des Indochinois d’origine chinoise. Ils choisissent le 13e arrondissement en raison des logements vacants issus de l’opération « Italie 13 », un projet urbain qui avait échoué à attirer les jeunes cadres parisiens. Ils s’établissent dans le secteur surnommé « le triangle de Choisy », délimité par les avenues d’Ivry et de Choisy et par le boulevard Masséna.

Le quartier devient un centre culturel et commercial asiatique avec des restaurants, des supermarchés, des temples bouddhistes et des commerces spécialisés. Ce Chinatown-là est considérablement plus vaste que le Chinatown du Marais, au point qu’il passe parfois pour le Chinatown originel de la capitale. A tort.

Texte : Axel G.

29.01.25

WHAAAAAAAT ?!

 

Tous vos amis vous parlent de la newsletter du Marais Mood mais vous ne l'avez pas reçue ?

Inscrivez-vous ici pour recevoir toutes les semaines des nouvelles de votre quartier préféré. ☆

Bienvenue ! Vous êtes inscrits à la newsletter du Marais Mood !