Dès le XIIIe siècle, le Marais abrite une communauté juive qui s’y maintient jusqu’à son expulsion au XIVe siècle. Fuyant la misère et les persécutions, les juifs des pays de l’Est et ceux de l’Alsace s’y installent au XIXe siècle. Autour de la rue des rosiers et de la place Saint-Paul rebaptisée Pletz (« petite place » en yiddish), les nouveaux venus bâtissent des synagogues et ouvrent des commerces de bouche.
Pendant la seconde guerre mondiale, le Marais est décimé. Mais dans les années 1960-70, les Juifs d’Afrique du Nord viennent repeupler le quartier. Aujourd’hui, la streetfood israélienne y côtoie Delicatessen et les enseignes de mode.
Construit en 1863, ce hammam s’appelle alors « bains romains ». En 1928, une nouvelle façade est réalisée par les architectes Boucheron et Jouhaud. On peut y lire l’inscription Hammam Saint-Paul peinte en jaune.
Abritant une piscine et un hammam, l’établissement fut prisé de la communauté juive installée dans le marais du début du XIXe siècle aux années 1960. A la fin du XXe siècle, ce lieu a été converti en magasin.
Synagogue Agoudas Hakehilos, ©Le Marais Mood
On dit aussi « synagogue de la rue Pavée » pour ce bâtiment réalisé en 1913 par l’architecte Hector Guimard, le maître parisien de l’Art Nouveau qui réalisa là son seul édifice cultuel.
L’association Agoudas Hekehilos est issue de neuf sociétés israélites orthodoxes essentiellement d’origine russe. Cette synagogue est toujours en activité.
Synagogue des Tournelles, Paris, ©Chabe01
Sa construction, de style romano-byzantin, décidée sous Napoléon III s’achève après son règne. On note un vitrail en rosace. Depuis 1876, elle est consacrée au rite achkénaze.
Pendant la seconde guerre mondiale, elle sera détruite et vidée de ses fidèles, déportés pour la plupart.
Réalisée en 1963, elle est située dans l’hôtel de Ribault, au 1er étage. Charles Liché, – Charles Lichenstein-, rescapé d’Auschwitz, fut le superviseur de la synagogue des Tournelles.
Lorsque le consistoire décida de passer du rite achkénaze au rite séfarade, Lichenstein commença à officier ici. Anciennement synagogue de la place des Vosges, elle a été rebaptisée en hommage à « Liché » en 2006.
L’une des plus anciennes synagogues de Paris, rattachée au consistoire. Conçue par l’architecte Sandrié de Jouy, inaugurée en 1822, elle dispose de galeries pour les femmes.
Suite à des anomalies, elle est reconstruite par l’architecte Alexandre Thierry et rouvre ses portes en 1852. Cette synagogue possède un orgue, fait extraordinaire pour l’époque. L’actrice Rachel, modèle de Sarah Bernardt, a été une fidèle des lieux.
Oratoire Fondation Roger Fleischman
Ce lieu créé dans le Pletz (petite place en yiddish) en 1931, symbolise la multiplication des oratoires ou cercles de prière et d’études dans les années 1930. Très fréquenté par la population ashkénaze, il a été désaffecté dans l’après-guerre pour connaître un renouveau dans les années soixante avec l’arrivée des Séfarades.
L’oratoire est actuellement en cours de restauration.
Accusé d’avoir profané une hostie, Jonathas, prêteur sur gages juif fut brûlé place de Grève et sa maison transformée en chapelle expiatoire. Le label donné alors « la maison où Dieu a bouilli » porte bien son nom.
A cet édifice fut ajouté au XVe siècle l’actuel cloître des Billettes. Depuis la Révolution française, c’est une paroisse protestante luthérienne. Dans les années 1980, le sculpteur Philippe Kaeppelin réalise l’autel et le lutrin.
Ouverte en 1852, cette école professionnelle est devenue en 1957 une filiale de l’ORT (société philanthropique juive à vocation pédagogique fondée en Russie en 1880. Son personnel et ses élèves furent raflés entre 1943 et 44.
Librairie de Temple Chir Hadach
Créée dans les années 1970, cette petite librairie indépendante propose des livres de littérature et d’apprentissage de la langue hébraïque, des objets de culte (chandeliers, mezouzas, bougies) et d’art juif (beaux livres, tableaux, sculptures). On y trouve forcément ce que l’on cherche.
Ouverte en 1847, la première école israélite de Paris dispensait à la fois un enseignement religieux et profane. Elle devint publique en 1880. Quelques 260 enfants de l’école furent arrêtés et déportés en 1942.
Des plaques commémoratives entretiennent leur mémoire. Laïque, elle est cependant fermée le samedi en raison de la fréquentation massive d’élèves juifs.
Mémorial de la Shoah, ©Le Marais Mood
Centre d’archives et musée avec des expositions permanentes et temporaires, ce lieu permet de mieux comprendre l’histoire juive pendant la deuxième guerre mondiale.
Depuis les années 2005-2006, il met en lumière les autres génocides du XXe siècle, celui des Arméniens et celui des Tutsi du Rwanda.
Musée d’art et d’histoire du judaïsme, il est installé dans l’hôtel de Saint-Aignan. Cet espace abrite une collection unique au monde au sujet de la présence juive en France depuis le moyen-Âge.
Objets de culte, manuscrits, textiles et documents sur l’affaire Dreyfus. On y admire les peintures de Chagall, Soutine mais aussi les œuvres contemporaines de Sophie Calle.
Edifié au XVIIe siècle, l’hôtel Davaux, grand hôtel particulier de style aristocratique, est devenu l’hôtel Saint-Aignan, l’un des plus beaux monuments historiques du Marais. Construit entre 1644 et 1650 par l’architecte Pierre le Muet, il fut confisqué par l’Etat français en 1792 suite à la Révolution.
Puis racheté par la ville de Paris en 1962 et classé monument historique en 1963. Aujourd’hui, il est le siège du MAHJ.
Jardin des Rosiers Joseph-Migneret
Jardin des Rosiers – Joseph-Migneret, ©Chabe 01
Situé entre la rue des Francs-Bourgeois et la rue des Rosiers, d’une surface de 2135 mètres carrés, cet espace vert réunit les jardins privés des hôtels particuliers alentour. Joseph Migneret, directeur de l’école des Hospitalières, protégea des enfants juifs durant la seconde guerre mondiale.
Créé en 2007, il est achevé en 2014. Figuiers et marronniers bordent la promenade ainsi que des jardins partagés et des sculptures en espalier..
En 2007, l’inauguration de ce jardin inspiré de Le Nôtre, a donné lieu à la mise en terre d’un rejet du marronnier d’Anne Frank (elle en parle dans son journal).
Ce coin de verdure s’étend sur quatre mille mètres carrés, dans les anciens jardins de l’hôtel Saint-Aignan. C’est le seul espace vert municipal du quartier Sainte-Avoye.
Texte : Valérie Rodrigue
02.05.24