Photo d’identité d’Agnès Varda en 1962

Le temple de la mémoire parisienne, ouvre ses portes à une exposition exceptionnelle dédiée à Agnès Varda, figure incontournable de la Nouvelle Vague. Sous forme d’une rétrospective « Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là » célèbre le lien viscéral entre la cinéaste et la capitale, à travers une mosaïque d’images inédites, d’objets personnels et d’extraits de films. Une plongée dans l’univers poétique et engagé de l’artiste qui a fait du quotidien le théâtre de ses créations.

Souvent perçue comme une cinéaste avant tout, Agnès Varda (1928-2019) dévoile ici une facette méconnue de son œuvre : la photographie. L’exposition met en lumière ses débuts derrière l’objectif, bien avant qu’elle ne prenne la caméra pour révolutionner le cinéma. Les 130 tirages présentés, dont beaucoup sont inédits, témoignent d’un regard singulier sur Paris : décalé, empreint d’humour et profondément humain. On découvre une Varda qui capte des détails anodins pour en révéler la beauté, comme elle le fera dans ses films.

Collier Schorr, Agnès Varda dans sa cour rue Daguerre, Paris 14e, Séance pour Interview magazine, 22 juillet 2018, n° 521, Courtesy Collier Schorr
Très tôt Agnès Varda équipée de son boîtier Rolleiflex photographie comme elle respire. En 1949, à 21 ans, elle devient la photographe officielle du Festival d’Avignon. De 1951 à 1961, elle immortalise les scènes et coulisses du Théâtre National Populaire, se forgeant une réputation auprès de revues comme Réalités. À Sète, où elle a vécu durant la guerre, elle photographie La Pointe Courte, capturant près de 250 images de ce quartier de pêcheurs. Ces clichés inspireront son premier film, La Pointe Courte (1954). De retour à Paris, elle s’installe au 86, rue Daguerre, dans un atelier-laboratoire qu’elle habitera toute sa vie, faisant de ce lieu un sanctuaire créatif et intime.

La voici à 26 ans propriétaire de son studio photo, sous une verrière afin de bénéficier de la lumière naturelle. Certes, il se trouve à l’étage de sa maison faite de deux boutiques en ruine, et des toilettes à la turque, mais elle est chez elle et libre de créer comme elle l’entend. La jeune fille aux allures de faune dansant y photographie ses amis puis des comédiens en quête de portraits sobres et sans artifices. Delphine Seyrig, Gerard Philippe, Federico Fellini, Brassaï, Anna Karina, Michel Piccoli, Gérard Depardieu, etc.

Agnès Varda, Autoportrait dans son studio, rue Daguerre, Paris 14e, 1956 © Succession Agnès Varda

La reconstitution de la mythique cour-atelier de la rue Daguerre (14e), où Varda vécut et travailla pendant près de soixante-dix ans, constitue un point fort de l’exposition. Lieu emblématique, cœur battant de sa création, il fut tour à tour son studio photo, son labo photo et son espace d’exposition de photos dès les années 1950. C’est là qu’elle réalise sa première exposition personnelle en 1954.
Plus tard, en 1960, cette cour devient un espace partagé avec Jacques Demy, accueillant des figures du cinéma et du théâtre. Cette immersion dans son quotidien permet de comprendre comment cet espace influença son processus créatif.

L’exposition explore également le dialogue entre l’œuvre photographique et cinématographique de Varda. Des extraits de ses films tournés à Paris – des classiques comme Cléo de 5 à 7 ; L’une chante, l’autre pas ou Daguerréotypes – sont mis en parallèle avec ses clichés urbains. La caméra et l’objectif photo deviennent les outils d’une même quête : saisir l’âme d’une ville en constante évolution. Paris n’est pas seulement un décor chez Varda ; c’est un personnage à part entière, un miroir des luttes sociales et des histoires humaines qui la fascinent.

Photographie de Liliane de Kermadec, Corinne Marchand sur le tournage du film d’Agnès, Varda Cléo de 5 à 7, Cléo au café du Dôme, Paris 14e, 1961, Liliane de Kermadec © Ciné-Tamaris

L’exposition révèle aussi des objets ayant appartenu à l’artiste : affiches, publications, photographies de tournage. Ces éléments permettent d’approcher Agnès Varda dans sa complexité : une femme engagée, féministe avant l’heure, qui a donné une voix aux marginaux tout en célébrant les beautés simples du quotidien. L’exposition s’achève par une série de portraits intimes dans sa cour-atelier, offrant un dernier regard sur celle qui a transformé son propre visage en matière première artistique.

Du 9 avril au 24 août 2025

 Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là
Musée Carnavalet
23, rue de Sévigné, 75003 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Fermés les lundis.
Tél : 01 44 59 58 58

Entrée 13 €, tarif réduit 11 €

Texte : Katia Barillot

25.02.25

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