« Ils sont encore là jusqu’au 21 juin et ça va encore durer 10 jours ? Ce n’est pas possible ! ».

« Ils », c’est Le goût des plantes, une jardinerie qui vend aux particuliers et à prix cassés : aromatiques, cactus et autres végétaux. Quant à celui qui exprime sa colère, c’est un fleuriste du Marais scandalisé par cette concurrence qu’il juge déloyale.

Si l’enseigne s’est mise à dos les artisans fleuristes du Marais, c’est parce qu’elle brade des plantes à partir de 2 € depuis février, à l’occasion de ventes éphémères et régulières.

« Vous comprenez, ils étaient là en février et ça a duré 3 jours. Et puis ils sont revenus en mai, à peine le déconfinement amorcé cette fois-la c’était pendant 12 jours, alors que l’on n’avait pas travaillé pendant 2 mois. Et maintenant, les revoilà pour 10 jours ! ».

« J’avais de la peine pour mon confrère Moor quand, pendant 12 jours en mai, les clients du Goût des plantes ont fait la queue devant son magasin situé au 80 rue du Turenne, collés à ses plantes pour aller chez un « bradeur » explique Philippe Olivier.

Du coup, le fleuriste qui officie au 42 de la rue de Turenne a fédéré 18 collègues, des commerçants du quartier, des résidents et des clients, tous choqués par la venue régulière de boutiques éphémères qui piétinent leurs plates-bandes.

A Noël déjà, deux pop up store de MR Agency une société de location de lieux exceptionnels, avaient accueilli rue de Turenne deux grandes ventes de sapins, l’une en face de la boutique de Philippe Olivier, l’autre à coté de celle de Moor.

« C’était assez fou de les voir s’installer à quelques pas de nos boutiques respectives, de vendre des sapins. Après, ils ont fini par les donner ».

« Nous, consommateurs, devons faire les bons choix, car il faut soutenir les commerçants qui prennent des risques, ont des charges sociales, des loyers lourds, qui se donnent du mal pour ouvrir tous les jours qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Parfois pour vendre peu. » renchérit Laurent, un maraisien qui a pris la tête de la fronde des fleuristes.

Julien, l’un des créateurs du Goût des plantes, rétorque : « Je ne sais pas pourquoi ils nous ont pris en grippe, parce que notre clientèle des 25-35 ans n’a pas toujours les moyens d’aller chez les fleuristes ».

« Je ne vois pas ce qu’on nous reproche, je me suis associé à un père de famille comme moi. Nous payons des taxes, notre loyer de 4 jours équivaut à celui d’un mois. Je ne suis pas fleuriste, je fais de la plante verte. Ils vont interdire à Ikea de commercialiser des plantes ? ».

Il reprend : « Notre concurrence est légale et encouragée dans un pays comme le nôtre ».

« Au lieu de m’empêcher de travailler, ils devraient s’interroger sur leur modèle économique ».

Le créateur du Goût des plantes tient cependant à apaiser le débat : « Je suis prêt à les rencontrer. D’ailleurs, en province, on a déjà invité des fleuristes à exposer leurs produits dans nos pop up stores ».

Laurent, qui a fait circuler dans le Marais et le 11e arrondissement une pétition, avant de la remettre à Pierre Aidenbaum, le maire du 3e arrondissement, reprend : « Nous ne sommes pas contre les boutiques éphémères quand cela permet aux petits créateurs de tester un marché avant de lancer un magasin physique. Mais la venue régulière de ce genre de commerces sans éthique parasite nos commerces de proximité, vole leur clientèle. C’est terrible ! Surtout après un an de gilets jaunes, des grèves de décembre et, enfin, le confinement ».

Texte : Katia Barillot
Photos : ©Anaïs Costet

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