Amphitryon devant la façade sur Jardin de l’Hôtel Sully en 1963 – Le Marais sauvé par son festival
Le Festival du Marais remonte à un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Pourtant cet événement artistique de premier plan fut longtemps l’un des rendez-vous culturels les plus courus de la capitale.
Pendant un quart de siècle, de 1962 à 1987, ce festival unique en son genre (il n’en existait alors aucun de comparable à Paris) a accueilli des spectacles en plein air de grandes qualités dans les cours des hôtels particuliers du quartier.
Pièces de théâtre, concerts classiques, spectacles de ballets, opéras et, même, musique de variétés : la programmation était remarquable. Le Ballet de l’Opéra de Paris s’est produit dans la cour de l’hôtel Soubise (où se trouvent les Archives nationales) ; on a joué des pièces d’Eugène Ionesco devant l’Orangerie de l’hôtel de Sully (entre la place des Vosges et la rue Saint-Antoine) ; des concertistes ont interprété la musique baroque de Jean-Philippe Rameau sur des instruments anciens dans le jardin de l’hôtel d’Aumont (proche de la Seine).
Dispositif scénique Hôtel de Soubise en 1964 – Le Marais sauvé par son festival
Ce ne sont là que quelques exemples car la liste est trop longue pour énumérer toutes les œuvres données dans le Marais et signées Shakespeare, Molière, Corneille, Marivaux, Bertolt Brecht, Monteverdi, Prokofiev, Mozart, Bach, Stravinsky, Ravel mais aussi Jacques Dutronc et Georges Brassens.
Danton devant la façade sur Jardin de l’Hôtel Sully en 1965 – Le Marais sauvé par son festival
« Parfois les spectacles avaient un lien historique avec le Marais, comme le Mariage de Figaro joué en 1963 à l’hôtel de Sully que Beaumarchais a écrit à l’hôtel Amelot de Bisseuil, les concerts d’œuvres de Nicolas Lebègue sur l’orgue de l’église Saint-Merri, dont il fut titulaire de 1664 à 1702, ou La Mort de Sénèque de Tristan l’Hermite, créé au théâtre du Marais en 1644, mise en scène à l’hôtel Lamoignon », lit-on dans Le Marais sauvé par son festival (1).
Très classique au début, le festival s’ouvre peu à peu à d’autres formes artistiques : variétés avec Barbara, jazz avec Daniel Humair, François Jeanneau et Henri Texier, danse contemporaine avec Alvin Ailey Danse Company, café-théâtre avec Jean-Michel Ribes, ou encore cinéma en plein air et bals populaires sur place Sainte-Catherine.
Dernière de couverture – Bénévoles devant la Maison d’Ourscamp en mai 1967
Parmi les artistes les plus connus à s’être produits au festival : Jean Vilar, Jean-Pierre Cassel, Jean Desailly, Simone Valère, Fanny Ardant, Coline Serreau, Silvia Montfort, Daniel Barenboïm, Juliette Gréco, Georges Brassens, Jacques Dutronc, Barbara, Michel Polnareff, Serge Lama, Léo Ferré, Jean Ferrat, Guy Bedos.
Promu à grand renfort d’annonces dans Le Figaro ou L’Express, l’événement attirait le Tout-Paris mais aussi des personnalités comme le prince Rainier et la princesse Grace de Monaco, ou le prince Albert et la princesse Paola de Belgique.
Le prince Rainier et la princesse Grace de Monaco à l’Hôtel d’Aumont en 1967 – Le Marais sauvé par son festival
Les années 1965-1967 restent dans la mémoire comme « les trois glorieuses » avec plus de 50 spectacles à chaque fois, suivis par plus de 70.000 spectateurs. L’année 1967, qui vit se produire le Grand Ballet de l’Opéra de Novossibirsk (venu spécialement d’Union soviétique pour jouer la version intégrale de La Belle au bois dormant) bat un record avec 105.000 spectateurs.
Mangeront-ils à l’Hotel d’Aumont en 1985 – Le Marais sauvé par son festival
Outre des souvenirs, le Festival du Marais laisse en héritage une belle collection d’affiches que l’Association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique a bien voulu nous transmettre afin que nous les publiions dans le Marais Mood.
(1) En vente à l’Association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique, 44-46, rue François Miron (4e)
Maison d’Ourscamps
Association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique
46, rue François Miron, 75004 Paris
Du lundi au vendredi de 13h à 18h
Samedi de 12h à 19h
Dimanche de 14h à 18h
Tél : 01 48 87 74 31
Texte : Axel G.
26.01.22