Philippe Waty, Sans titre, 1987, Acrylique, 150 × 150 cm.
« Il faut parler de Philippe ! » Ce cri du cœur nous a été lancé par Christophe Gratadou, un galeriste du Marais qui connait bien le travail de Philippe Waty.
La rétrospective consacrée à cette figure des années 1980 va aider à faire connaître urbi et orbi l’œuvre de ce créateur emblématique d’une époque (le tournant de la décennie 1970-1980) encore mésestimée mais dont la cote, avec le recul des années, commence à être reconsidérée.
Même si son travail se prolonge jusqu’en 2012, Waty appartient d’abord à la période mythique 1977-1981, une époque à la fois insouciante et grave, proche et lointaine où Paris – mais oui ! – était « gritty », « underground », « borderline ».
Bref, « branchée » – le mot est d’ailleurs apparu à cette époque. Un temps où les stars londoniennes (Sting, Bowie, Mick Jagger, Grace Jones) venaient s’encanailler au Palace, aux Bains-Douches, au Rose Bonbon, au Privilège et autres hauts lieux de la vie nocturne parisienne.
Disparu en 2012, Philippe Waty appartient alors aux Musulmans Fumants, une bande néo pop-punk-rocks qui défend les cultures minoritaires. Ses membres se produisent dans les clubs ou dans la rue, chez Coluche ou à la rédaction de Libération.
Ils réalisent des fresques pour leurs expos-performances. Collaborent avec des créateurs de mode, de cinéma, de musique. Ils inventent des décors de théâtre (pour Farid Chopel) et pour des vidéoclips (la Danse des mots de Jean-Baptiste Mondino).
Le générique de 22, v’là le rock, pour la télé ? C’est eux. Le logo du Palace ? Encore eux ou, plus exactement : c’est Waty. Le groupe réalise aussi de pochettes de disques.
Un vent de liberté souffle sur Paris.
Belle gueule, belle âme et belle énergie, Philippe Waty crée sans effort et éblouit son entourage. Il dessine et des centaines d’œuvres à (re)découvrir jusqu’au 22 mai, près du centre Beaubourg-Georges Pompidou – bâtiment qui, d’ailleurs, a vu le jour à la même époque.
Avec sa série de Mandalas, qui prouve ses talents de coloristes, Waty décline une grammaire hypnotique sur grand format, parfois flashy. On y lit des symboles philosophiques, religieux, industriels, commerciaux.
C’est peu dire que les organisateurs de l’exposition prennent à cœur cette rétrospective, persuadés que Philippe Waty « est un grand artiste. Et ils ne sont pas les seuls.
À propos des Musulmans fumants, un certain chanteur britannique déclarait à Paris Magazine en juin 1987 : « Je rêve de rencontrer ce groupe d’artistes géniaux. Ce qu’ils font est très dadaïste et rempli d’humour. C’est tout ce que j’aime. » L’auteur de cet éloge ? Un certain… David Bowie.
Philippe Waty. Rétrospective 1977-2012.
Exposition Jusqu’au 21 mai 2022
▼ 24 Beaubourg
24, rue Beaubourg 75003 Paris
Du mercredi au samedi de 13h à 19h
Texte : Axel G.
13.05.22