À l’occasion de la journée des droits de la femme, le 8 mars, nous avons rencontré trois entrepreneuses du Marais, dans le domaine du chocolat, de la photographie et des métaux.
Rencontre avec trois femmes remarquables.
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Après avoir travaillé avec des grands noms de la pâtisserie et de la chocolaterie, la Japonaise Emiko Sano a lancé Les 3 chocolats, sa boutique de chocolats à Saint-Paul.
• A quoi fait référence le nom « Les 3 chocolats » ?
Aux trois sortes de chocolats : noir, au lait et blanc. Mais aussi au fait que, dans notre famille, nous sommes chocolatiers et pâtissiers depuis trois générations. Mon grand-père l’était, mon père l’est toujours (au Japon) et me voici ! Le chocolat, c’est mon ADN.
• Quelle est votre « Japan touch » ?
Mon équipe est japonaise, les techniques sont japonaises, les saveurs aussi : matcha, yuzu, mirin (vin de riz), wasabi, kinako (soja torréfié). Ces ingrédients, bons pour la santé, se marient parfaitement avec le chocolat. De plus nos gâteaux sont moins dosés en sucre.
• Votre parcours ?
J’ai travaillé comme pâtissière et chocolatière chez Michalak et de nombreux autres chefs à Paris et en province. J’ai fondé ma boutique dans le Marais voilà trois ans.
• Y a-t-il beaucoup de femmes dans votre métier ?
Non, 90% des chocolatiers sont des hommes peut-être parce que c’est en partie un travail de force. Pourtant, les femmes possèdent un meilleur palais que les hommes, et beaucoup de dextérité.
De plus, le métier de pâtissier chocolatier est très prenant. Il exige une grande disponibilité. Même pendant les fêtes, on travaille de sept heures du matin jusqu’à tard le soir.
Au Japon, la majorité des femmes arrêtent leur carrière après leur mariage pour se consacrer à leurs enfants. Mais en France, c’est différent.
• C’est-à-dire ?
Je suis arrivée ici il y a douze ans pour apprendre la pâtisserie parce qu’il n’y a pas mieux que la France pour cela. Auparavant, j’étais vendeuse dans la chocolaterie de mon père.
C’est en arrivant ici que je me suis autorisée à créer ma propre entreprise de chocolats. Ce qui m’a le plus étonnée, c’est la loi des 35 heures et les cinq semaines de vacances.
Au Japon, la loi prévoit deux semaines de congés payés mais peu d’employés les prennent, de peur de passer pour des paresseux.
• En tant que femme, quels obstacles avez-vous rencontrés ?
Tout le monde, même mon ex-petit ami, qui est japonais, m’a dit que je n’y arriverais pas, d’autant qu’au départ, je parlais mal français.
Mon père m’a également conseillée de rentrer au Japon. Mais je voulais à tout prix réussir en France ; c’est ici que je voulais essayer de créer mes propres recettes.
Je me suis débrouillée toute seule. Car monter une entreprise en France n’est pas facile. Aucune banque ne m’a fait de crédit. Mais depuis l’ouverture, les clients sont au rendez-vous, fidèles, encourageants : 60% sont des gens du quartier, 20% sont des touristes et 20% des amoureux du Japon.
Les trois chocolats
45 Rue Saint-Paul, 75004 Paris
Du mardi au dimanche de 11h à 20h
Fermé le lundi
Tel : 01 44 61 28 65
Texte : Katia Barillot
Photos : ©Anaïs Costet
08.03.20