A côté du métro Saint-Paul (4e), l’église Saint-Paul-Saint-Louis abrite une toile de jeunesse d’Eugène Delacroix (1798-1863) achevée en 1827 : le Christ au jardin des oliviers. Face à trois anges éplorés, l’icône baisse la tête et lève le bras vers le ciel. A 600 mètres de là, rue de Turenne (3e), dans la chapelle de la église de Saint-Denys-Saint-Sacrement se trouve une autre toile : la Piéta, le Christ descendu de la croix.

S’il a vécu dans le 9e arrondissement, Eugène Delacroix a décoré ces deux églises du Marais. Mais qui était vraiment ce représentant du romantisme du XIXe siècle ? Peintre français né à Charenton-Saint-Maurice, il ne saura pas que sa maison natale est aujourd’hui la médiathèque de cette ville du Val-de-Marne.

La Pietà, Eugène Delacroix (1798-1863), 1844
Ses aînés Charles et Henriette le réconfortent. Grâce à l’appui de son oncle peintre Henri-François Riesener, il entre en 1815 dans l’atelier du peintre Pierre-Narcisse Guérin. C’est l’un des plus grands ateliers de l’époque. Cependant, l’artiste passe à côté du talent d’Eugène. C’est en 1822, qu’Eugène alors âgé de 24 ans, réalise une première grande toile inspirée de l’histoire littéraire Dante et Virgile aux Enfers (Musée du Louvre). Cette œuvre le fait immédiatement remarquer par la critique. Il incarne alors le mouvement romantique.

En 1832, lors d’un voyage au Maroc, il y accompagne l’émissaire du roi Louis-Philippe, le compte de Mornay. La conquête de l’Algérie par la France deux ans auparavant a inquiété le sultan du Maroc. Il faut donc une ambassade in situ. Pour le jeune peintre, qui n’a guère bougé jusqu’alors, le voyage de Tanger à Meknès est un enchantement. Les objets rapportés de ce voyage lui inspireront soixante-deux toiles à son retour.
Une part importante de sa création est liée aux édifices religieux parisiens. Il reçoit des commandes, peint le décor de la bibliothèque du palais du Luxembourg (actuel Sénat). La première Exposition Universelle en 1855 lui offre une scène majeure. Trente de ses œuvres sont présentées et lui valent le titre de plus grand peintre de son temps.

C’est à l’époque 1834 qu’il rencontre George Sand en pleine rupture avec Alfred de Musset. Sa souffrance se lit sur le portrait que Delacroix fait d’elle. Leur amitié perdure jusqu’à la mort du peintre. Mais on ne peut passer sous silence Elisa Boulanger, la Brigitte Bardot du moment, qui surgit dans sa vie. Femme à hommes, elle est surprise par la froideur de Delacroix qui a très bien compris comment ferrer ce genre de diva : il joue l’indifférence. Ensemble, ils voyagent en Belgique, en Hollande.

Portrait de George Sand, Eugene Delacroix, 1838, Private Collection / Bridgeman Images
Texte : Valérie Rodrigue
11.04.25