Les voeux du maire de Paris Centre, Ariel Weil, en présence de la maire de Paris, Anne Hidalgo, le 14 janvier au Carreau du Temple, photo : Axel G.
En marge de la cérémonie des vœux organisée samedi 14 janvier 2023 au Carreau du Temple, le maire de Paris Centre Ariel Weil a donné une interview au Marais Mood.
Il évoque notamment la réduction à venir de la circulation dans le Marais et Paris Centre au moyen de la Zone à trafic limité (ZTL) qui se mettra en place progressivement au fil de l’année 2023. Il évoque aussi, les trottinettes, les plots jaunes, les J.O. 2024 et l’augmentation de l’impôt foncier.
Maire du 4e arrondissement de 2017 à 2020, Ariel Weil, 49 ans, est maire de Paris Centre depuis deux ans et six mois.
• Le Marais Mood : Une nouvelle année commence. À quoi s’attendre dans le Marais en 2023 ?
Ariel Weil : À beaucoup de choses, dans de nombreux domaines : la culture, le patrimoine, l’espace public mais aussi la mobilité. L’arrivée imminente de la « zone à trafic limité » sera l’un des principaux changements. Afin de réduire le trafic dans le centre de Paris, diminuer le bruit et la pollution, le trafic sera, non pas arrêté, mais limité. Il s’agit d’éliminer le trafic de transit afin que Paris Centre ne soit pas utilisé comme un raccourci par des gens qui ne font que traverser la capitale.
Cela passe par une série de mesures locales et une modification du plan de circulation, dans le Marais, dans le sentier et ailleurs. La « zone à trafic limité », ou ZTL, sera complètement effective en 2024.
• Quels axes fermeront à la circulation ?
Pratiquement aucun. Il n’y aura pas de piétonnisation à proprement parler. En revanche, nous allons supprimer les effets d’aubaine que constituent les petites rues traversantes, dont les tracés remontent au Moyen-Âge, telles les rues Vieille-du-Temple ou des Archives, et où le trafic continue d’être intense. Certains segments de ces rues seront mis en sens interdits. Mais uniquement pour les voitures ; pas pour les bus et les taxis.
Ainsi, pour le bus 75 (rue des Archives) ou le bus 29 (rue des Quatre-fils et autres dénominations), la fluidité de la circulation sera améliorée. Quant aux riverains et aux livreurs, ils devront parfois effectuer des petits crochets pour atteindre certains endroits. Mais comme le trafic sera globalement plus fluide, ce ne sera pas très gênant pour les riverains qui, par définition, connaissent le quartier.
En réalité, cela prendra moins de temps à faire le tour du pâté de maisons demain que d’aller tout droit aujourd’hui, du fait qu’il y aura moins de circulation. Ces changements concernent quinze à vingt rues en tout dans les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements.
• N’en faites-vous pas un peu trop ?
L’idée consiste à ne pas surcharger les petites voies, comme cela a été le cas au moment de la fermeture de la rue de Rivoli : une partie du trafic s’est alors reportée dans la rue du Roi-de-Sicile.
Soyez assurés que nous conservons toujours à l’esprit la problématique des riverains. Nous avons d’ailleurs créé une « carte de riverain » qui permet aux habitants du Marais d’accéder à la rue de Rivoli.
Il suffit, pour l’obtenir, de se rendre en mairie. Cela prend 10 minutes. En fait, si on regarde les choses avec du recul, l’on s’aperçoit que nous nous contentons de corriger cinquante années d’urbanisation tournées vers la voiture. Notre travail consiste à rééquilibrer les choses afin d’augmenter l’espace disponible sur les trottoirs, les places publiques et dans les jardins.
• Quid des trottinettes à Paris ?
La maire de Paris Anne Hidalgo vient d’annoncer la tenue d’un référendum simplifié sur le dimanche 2 avril prochain, dans les bureaux de vote de la capitale (sur la base des fichiers électoraux). Les Parisiennes et Parisiens se prononceront sur le maintien ou non des trottinettes en libre-service dans la capitale.
Mon point de vue est que les trottinettes n’apportent pas de vrai bénéfice en matière d’écologie. Elles ne sont pas utilisées par des gens qui renoncent à la voiture mais par ceux qui renoncent à la marche ou aux transports en commun.
Plots jaunes rue Charlot
• Et les plots jaunes, qui sont vraiment laids ?
C’est fini ! Les derniers, qui se trouvent rue Charlot, vont disparaître. Nous les remplaçons par du mobilier traditionnel parisien. Et cela, de manière pérenne, à l’image de ce qui a été fait rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, où nous avons gagné 1,20 mètre supplémentaire pour les piétons.
• Parlons sobriété énergétique. Pourquoi la mairie est-elle éclairée toute la nuit ?
Ce n’est pas le cas. Elle n’est pas éclairée toute la nuit. Au contraire, la municipalité réalise des économies d’électricité. Nous avons adopté des mesures de sobriété énergétique, comme la baisse des températures dans les bâtiments publics ou de l’eau, dans les piscines.
Tous les agents de la municipalité ont d’ailleurs été dotés de doudounes sans manches qu’ils peuvent porter sur leur lieu de travail.
Concernant l’éclairage public, c’est compliqué de le diminuer car il remplit aussi une fonction en matière de sécurité. Éteindre les réverbères rendrait les rues plus dangereuses, plus inquiétantes.
En réalité, le secteur public fait pas mal d’efforts. Tout l’enjeu est maintenant de faire en sorte que le secteur privé en fasse autant, notamment grâce à la rénovation énergétique dans les copropriétés privées.
La ville, la région et l’État ont mis en place des mesures d’incitations intéressantes, qui incluent des abattements de taxe foncière : les propriétaires qui améliorent leur isolation thermique pourront ainsi déduire leurs dépenses de leur déclaration fiscale.
• L’impôt foncier augmente d’environ 40 % cette année : c’est beaucoup, surtout pour les retraités.
Oui, mais cela s’accompagne d’un certain nombre de mesures d’exonération, notamment pour les personnes de plus de 65 ans et les « propriétaires pauvres », c’est-à-dire les propriétaires retraités qui vivent avec des minima sociaux. Les autres citoyens bénéficier de remises s’ils font, chez eux, des travaux d’isolation thermique.
• Les J.O. 2024 approchent. Comment cela impactera-t-il la vie des habitants du Marais ?
D’abord, une précision importante : il s’agit des « J.O.P. », soit les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Notre quartier est concerné à trois titres.
Premièrement, le Carreau du Temple servira de centre de presse pour les journalistes « non accrédités », c’est-à-dire ceux qui viennent du monde entier pour couvrir l’événement en dehors des épreuves sportives proprement dites. Il s’agit de ceux qui feront des reportages sur Paris et la France. Cela va créer une certaine animation.
Deuxièmement, la cérémonie d’ouverture, mise en scène par le chorégraphe rouennais Thomas Jolly, se déroulera sur la Seine, donc en bordure du Marais et de Paris Centre, le long des 4e et 1er arrondissement. Ce sera un grand moment.
Enfin, troisièmement, le parcours du marathon traversera Paris Centre.
Mais le vrai enjeu, au-delà du mois et demi de sport de haut niveau, ce sera l’héritage laissé par les J.O.P. Il s’agit de faire en sorte que tous les investissements réalisés soient pérennes et profitent à Paris. Car nous avons tous à cœur de rendre la capitale plus belle. Or nous observons déjà comment l’organisation des Jeux agit comme un accélérateur du changement et nous permet – un peu à la manière de la crise Covid – d’accomplir plus vite ce que nous avions de toute façon l’intention de faire.
Ainsi, pour tout une série de chantiers qu’il fallait entreprendre, la préfecture délivre déjà ses autorisations à un rythme plus rapide. C’est très positif. Le Jeux Olympiques et Paralympiques vont générer une énergie incroyable.
19.01.23