Dans la biographie très fournie d’Alain Moreau, autodidacte né à Lyon, une ville qu’il abhorre, vivant dans le Marais depuis bientôt 50 ans, retenons deux faits d’armes.
Le premier, c’est le coup de tête qu’il asséna un jour à Jean-Edern Hallier (autre maraisien, résidant place des Vosges) parce que le pamphlétaire, alors son associé aux Editions de l’Herne, l’avait toisé à l’entrée d’un cocktail littéraire.
« Jean-Edern me méprisait beaucoup parce que j’étais un autodidacte issu de l’immobilier et lui et sa bande, des intellectuels qui visaient l’Académie Française. Il ne me méprisait pas un peu, il me méprisait beaucoup », a-t-il expliqué à Livres hebdo en 2016.
Le deuxième, c’est la publication de Suicide mode d’emploi (Editions Alain Moreau et Compagnie, 1982), une dissertation littéraire sur le suicide à travers les âges avec un chapitre pratique pour passer à l’action, qui se vend à 100.000 exemplaires et fait scandale dans le milieu catholique intégriste et bien-pensant.
Parmi les ouvrages notables publié par celui qui fut éditeur de 1971 à 2001, on retient B comme Barbouzes (1975), Dossier F, comme fraude fiscale (1975), L’affaire Papon (1983), Comment arnaquer son banquier (1987) ou encore Lyon ou Le sang et l’argent (1978), de Pierre Mérindol, à travers lequel Moreau règle ses comptes avec sa ville natale.
Libertaire dans l’âme, Alain Moreau est aussi un « célinien » averti qui a, récemment, consacré plusieurs documentaires à Louis-Ferdinand Céline, diffusés sur Arte. Interview.