Une tragédie en plein été. Pour l’équipe du chantier de restauration de Notre-Dame, la période estivale 2023 restera celle du décès accidentel de Jean-Louis Georgelin, lors d’une randonnée en montagne, dans l’Ariège, le 18 août. Ancien chef d’État-major des Armées, le général avait été nommé en 2019 à la tête de l’établissement public « Rebâtir Notre-Dame de Paris » par le président Emmanuel Macron. Il avait 74 ans.
Malgré tout, le chantier de restauration va bon train alors que plus de quatre années ont passé depuis l’incendie du 15 avril 2019. En juin dernier, l’établissement public a annoncé le montage « à blanc », dans l’Eure, des deux premiers morceaux de la charpente, en chêne massif, de la nef. Ces deux éléments, appelés « fermes » ne sont qu’une partie de la structure qui forment la monumentale charpente de la nef aux dimensions remarquables : de 35 mètres de longueur, 14 de largeur, 10 de hauteur. En tout, la charpente de Notre-Dame se compose de 57 « fermes » (11 principales et 46 secondaires).
Datant du XIIe et XIIIe siècle, la charpente est reconstruite à l’identique et mobilise de nombreux savoir-faire : ingénieurs, dessinateurs, conducteurs de travaux, taillandiers pour la fabrication des haches et doloires, ou encore charpentiers. Ces derniers assembleront la structure sur site, théoriquement début 2024, selon le calendrier du général Georgelin. En attendant, le montage « à blanc » est une étape nécessaire pour assurer la qualité de l’ouvrage.
Taille manuelle de la charpente de la nef. © Guillaume Tampier © Ateliers Desmonts
Fait remarquable : les charpentiers utilisent en grande partie des outils manuels – la hache de dégrossi et la doloire – pour tailler les pièces de bois. Cette technique, délaissée par les compagnons depuis le XIXe au profit d’outils mécaniques, a été privilégiée afin de rester fidèles au dessin médiéval de Notre-Dame-de-Paris.
Avant sa disparition soudaine, Jean-Louis Georgelin, qui était le représentant spécial du président de la République sur le chantier, avait rendu hommage au travail des charpentiers à l’occasion du « levage » de la première charpente, destiné à tester sa cohérence : « Ce levage manuel, à la seule force humaine, d’une ferme de la charpente de la nef, est la démonstration que les savoir-faire hérités des bâtisseurs de cathédrale ont toujours à nous apprendre – et que l’union, aujourd’hui comme hier, fait la force. Les charpentiers, amoureux de leur métier, venus des quatre coins de France, parfois de l’étranger, ont rassemblé leurs compétences pour permettre la réouverture de la cathédrale au culte et à la visite en décembre 2024. Ils nous ont donnés à vivre aujourd’hui un magnifique moment d’unité. »
Les équipes de la maîtrise d’ouvrage, de la maîtrise d’œuvre, des charpentiers des Ateliers Desmonts et des Ateliers Perrault et de taillandiers. David Bordes © Rebâtir Notre-Dame de Paris.
Texte : Axel G.
04.09.23