La parisienne Raphaëlle Remy-Leleu, 27 ans, est tête de liste Europe Ecologie les Verts pour Paris Centre sur la liste conduite par David Belliard. Militante, elle a mené des combats syndicaux, féministes et progressistes. Nous avons partagé un café avec elle dans le Marais, au Barricou.
Votre principale critique à l’égard de l’équipe sortante ?
Certaines choses ne sont pas allées assez vite, d’autres pas assez loin sur les questions écologiques ; d’autres encore ne sont pas très cohérentes.
Se proclamer écologiste dans une ville comme Paris, qui doit s’adapter à son futur, n’est pas cohérent avec tous les grands projets non concertés engagés par la mairie, comme le réaménagement de la gare du Nord [transformée en centre commercial], la tour Triangle dans le 15e ou encore la ZAC Bercy Charenton et ses six tours.
Dans la majorité sortante, à laquelle nous participions, trop de choses ne nous semblaient pas raccord, entre les mots et les actes. Or le temps presse. Il y a urgence face au dérèglement climatique. Nous avons besoin d’agir vite pour faire face à ce qui va nous arriver dans les dix, quinze prochaines années.
Quelles sont les réussites de la municipalité sortante ?
Le plan vélo, parce qu’il fallait réinventer la mobilité dans Paris, désengorger l’espace public et réduire la pollution. La piste cyclable à double sens de la rue de Rivoli est une réussite. Cependant, le plan vélo n’a été réalisé qu’à 50%. Il faut accélérer, en s’en tenant aux engagements pris.
Vos propositions phares pour Paris Centre ?
Il faut stopper l’augmentation des loyers. Nous sommes prêts à les bloquer. Paris-Centre doit redevenir vivable pour les personnes qui y habitent. En cinq ans, la cherté des loyers a poussé 60.000 personnes hors de Paris.
Airbnb, qui est dans une stratégie de prédation, tout particulièrement sur Paris-Centre, pose un gros problème. Ce système cause des nuisances (à commencer par les chassés-croisés des valises à roulettes), provoque la hausse des tarifs immobiliers et finalement prive les familles, les personnes seules et les étudiants d’accès aux logements. Impossible désormais de trouver un studio à moins de 1 600€ par mois !
A cause d’Airbnb, nombre d’immeubles sont sous-peuplés. Savez-vous que le recordman parisien des locations Airbnb a 637 logements en location ?
Ecologie-Paris ne veut pas interdire Airbnb – d’ailleurs la ville n’a pas compétence pour le faire. En revanche, nous voulons imposer des limites, des garde-fous et faire en sorte de ne pas dépasser un nombre de 45 nuitées par an. Nous voulons aussi renforcer les moyens de contrôle. Seulement une trentaine d’agents de la Ville de Paris sont actuellement dédiés au contrôle des Airbnb. C’est insuffisant.
Au sujet de la piétonisation, nous voulons la développer mais de manière concertée, notamment avec les commerçants.
De plus, il est indispensable de favoriser l’implantation de commerces de proximité dans Paris Centre, de maintenir ceux qui existent et d’aider à leur développement. Cela passe, par exemple, par la préemption de locaux commerciaux, comme cela se fait déjà. L’un des rôles de la mairie consiste à préserver l’âme de Paris.
Texte : Katia Barillot
Photos : ©Anaïs Costet
13.01.20